Restitution des travaux de la concertation pour l’accueil et la réussite des étudiants

20 octobre 2017 à Paris.

3 mois de débats riches et intenses dans lesquels tous les acteurs ont apporté leur contribution

Engagée en juillet dernier par Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, de la Recherche et de l’Innovation, la concertation portant sur l’accueil et la réussite des étudiants a réuni les représentants de l’enseignement supérieur et de l’enseignement scolaire qui ont été invités à élaborer des propositions au sein de 11 groupes de travail.

Cinq thématiques ont été abordées : l’accès à l’enseignement supérieur, l’ingénierie de l’offre de formation, le renouvellement de la pédagogie, la vie étudiante, ainsi qu’une réflexion spécifique sur les études de santé, les STAPS et la psychologie.

Daniel Filâtre, rapporteur général de la concertation a remis à la ministre, jeudi 19 octobre 2017, les propositions issues de ces 11 groupes de travail. Il a salué « la qualité de la consultation, la richesse des débats avec leur dynamisme voire leur vivacité parfois ». Il a également rendu hommage « au travail des rapporteurs, tant dans la conduite des échanges que dans la rédaction des propositions ».
Il a souligné que cette concertation avait permis une avancée notable : la nécessité de prendre en compte le profil des bacheliers, au cours du processus d’affectation post-bac.

La ministre salue une concertation fondée sur un dialogue ouvert et constructif

La ministre a salué la qualité des échanges, riches et francs : « Cette méthode, fondée sur la concertation et le dialogue, je la revendique pleinement. Pour une raison simple : ce qui se joue, au travers de la question de l’accès et de la réussite des étudiants, c’est une part déterminante de l’avenir du pays ».

Elle a rappelé que « notre ambition – je crois pouvoir dire qu’elle est partagée -, c’est de rendre accessible l’enseignement supérieur au plus grand nombre, c’est de permettre aux générations qui viennent d’accéder à des niveaux de formation plus élevés, c’est d’armer nos jeunes pour qu’ils puissent, demain, construire leur parcours, leur vie et leur histoire. C’est la clef de tout progrès, individuel et collectif. La meilleure assurance face aux changements et aux ruptures technologiques, économiques et politiques, ce sont le savoir et la formation ».

Enfin, le dialogue ne s’arrête pas aujourd’hui. Il entre à présent dans sa dernière phase. Dans les jours qui viennent, la ministre aura occasion d’échanger sur les conclusions du rapport général. Puis le gouvernement, sur la base de ces trois mois de dialogue et de réflexion partagée, prendra ses responsabilités. Avec un objectif : celui de supprimer la sélection par le tirage au sort dès la rentrée 2018 et de mettre en place un accès au premier cycle rénové.


 

17 propositions pour réformer le premier cycle de l’enseignement supérieur et améliorer la réussite des étudiants

Proposition 1 : Repenser intégralement le parcours Avenir

Déployer le parcours Avenir visant à favoriser le projet personnel du jeune proposé de la 6e à la terminale : il faut intensifier et consolider le travail de formation et d’accompagnement de chaque élève.
Faire évoluer l’outil Folio vers un carnet personnel des apprentissages et de l’orientation.
Développer un accompagnement humain élaboré, de nouveaux outils et des ressources et services adaptés…

Proposition 2 : Assurer à chaque lycéen un  accompagnement personnalisé et responsable

L’accompagnement personnalisé est essentiel mais sa mise en œuvre doit évoluer (urgence à former les enseignants à l’accompagnement à l’orientation).
– Confier à un enseignant, un rôle de « référent orientation » pour certaines filières de formation supérieure, par exemple pour l’orientation vers les métiers du sport.
– Plusieurs groupes ont abordé la nécessité d’une plus forte coopération entre structures et acteurs de l’enseignement secondaire et de l’enseignement supérieur...

Proposition 3 : Généraliser l’avis du conseil de classe pour toute orientation vers l’enseignement supérieur

Les parties prenantes de la consultation insistent dans leur grande majorité pour un engagement des conseils de classe à prononcer un avis sur le projet d’orientation de chaque élève. Cet avis du conseil de classe doit être dissocié de l’accompagnement personnalisé…

Proposition 4 : Apporter une information par des outils et des ressources répondant aux attentes et aux enjeux de l’orientation

Outils numériques, tests d’auto-positionnement voire d’enseignements préparatoires à distance… Autant de propositions qui confortent l’urgence à mettre en œuvre un travail d’information des lycéens plus intense, plus réflexif, plus collectif…

Proposition 5 : Intégrer la préparation à l’orientation dans une perspective plus large et coordonnée

– Année de césure, première insertion professionnelle ou première expérience d’engagement… Les futures évolutions doivent intégrer l’ensemble des voies post bac.
– Les différentes filières d’enseignement supérieur doivent s’engager dans une organisation plus souple, plus diversifiée et sécurisée en même temps, afin d’offrir à chacun toutes les chances de qualification et d’insertion professionnelle et sociale…

Proposition 6 : Construire un modèle d’affectation dans l’enseignement supérieur plus clair et attentif aux situations individuelles

– S’agissant de la procédure Admission post-bac (APB) menacée de toute part, les membres de la consultation ont confirmé, à la quasi-unanimité, l’intérêt d’un processus national d’affectation sous réserve d’amélioration et d’une plus grande transparence.
– Parmi les propositions : revoir le calendrier, mettre en place une procédure simple d’utilisation, claire, transparente, ou encore augmenter le nombre d’établissements présents sur l’application…

Proposition 7 : Mettre en œuvre une prise en charge personnalisée et un accompagnement renforcé des nouveaux étudiants

Lors des séances consacrées aux prérequis et aux bacheliers fragiles, les discussions se sont développées sur la nécessité de prendre en compte certains publics candidats à l’entrée dans l’enseignement supérieur. Deux pistes ont été discutées. La première vise à assurer dès la classe de terminale et lors des procédures d’affectation une prise en charge personnalisée des élèves jugés plus fragiles au regard de leur projet d’étude. La seconde concerne la nécessité de mettre en œuvre des parcours spécifiques, lorsque les établissements scolaires et/ou supérieurs considèrent indispensable de proposer à certains bacheliers un accompagnement pédagogique adapté à leurs besoins…

Proposition 8 : Prendre en compte le profil de l’élève avant son entrée dans l’enseignement supérieur

– La prise en compte du profil de l’élève avant son entrée dans l’enseignement supérieur ainsi que les notions de prérequis ou d’attendus ont suscité le débat le plus vif au sein de la consultation. En effet, si tous les membres des groupes considèrent indispensable que ces prérequis soient affichés ayant alors une vocation informative, voire distributive, la question est plus sensible lorsque ces prérequis sont prescriptifs.
– Quatre grands modes d’accès du point de vue de l’élève-futur étudiant : un accès libre sans avis ni recommandation ; un accès libre mais avec avis et recommandations ; un accès sous conditions ; un accès sélectif…

Proposition 9 : Réorganiser le cursus de licence

Une souplesse accrue du cursus licence pour mieux faire réussir les étudiants (modularisation des cursus, individualisation des parcours, passerelles entre les parcours d’une même licence, entre plusieurs mentions de licence mais aussi entre licence et cursus DUT, voir même cursus BTS ou écoles supérieures, variabilité des parcours sur 2 ou 3 ans, voire 4 ans, cursus renforcés de type bi-licence ou double-licence…).
Un modèle de formation supérieure en premier cycle plus personnalisé, adapté à une logique de formation tout au de la vie et assurant la fluidité et la réversibilité des trajectoires.
Une organisation lisible et des parcours plus conformes aux attentes des étudiants, à leurs projets de vie, aux allers et retours emploi-formation, à la mixité des publics en formation initiale et continue, en alternance ou non…

Proposition 10 : Mettre l’étudiant au cœur de la transformation pédagogique

Renforcer les nouvelles approches pédagogiques (pédagogie inversée ou par projet, fab-lab…), les nouveaux outils (enseignement hybride, e-portfolio, learning analytics, plateformes numériques dédiées, supports numériques en ligne…). La réussite des étudiants exige des transformations profondes qui dépassent les seules questions d’organisation des cursus.
Assurer la progression de l’étudiant dans son parcours, évaluer le suivi de ses acquis, définir avec lui le parcours de progression…
– Tout ceci pourrait s’inscrire dans un contrat pédagogique établi entre l’étudiant et l’équipe pédagogique, intégrant de manière réflexive et partagée les adaptations  du parcours…

Proposition 11 : Promouvoir les expérimentations

– De très nombreuses expérimentations engagées dans les différentes filières de l’enseignement supérieur ou proposées dans le cadre de l’appel à projet « Nouveaux cursus universitaires » ont été abordées durant cette consultation (orientation des élèves de terminale professionnelle en STS et modules d’accompagnement à l’entrée de ces cursus…).
– D’autres expériences en faveur de la réussite des étudiants ont été discutées : bachelors d’écoles d’ingénieurs, CPGE accueillant des bacs pro et techno, cursus intégré en DUT, cursus en apprentissage,  parcours de réussite en licence…
Elaborer un cadre national très explicite et permettant de déroger temporairement aux dispositions du code de l’éducation pour favoriser l’expérimentation…

Proposition 12 : Soutenir l’engagement des professeurs

Reconnaître les équipes pédagogiques engagées en faveur de la réussite des étudiants et établir des lieux de coordination de l’activité pédagogique d’une filière sur l’orientation, l’accompagnement ou  la pédagogie.
Former et d’accompagner les enseignants du supérieur : la formation continue est une condition des évolutions évoquées dans ce rapport).
Soutenir cet engagement : accompagnement vers un parcours de formation plus structuré, politiques de décharge ou de congés de ressourcement pédagogique, politiques indemnitaires plus marquées…

Proposition 13 : Concevoir un dispositif d’aide aux étudiants au service de l’équité, de l’autonomie et de la réussite

Globaliser les aides existantes. Une allocation unique  liée aux études et à la formation pourrait participer de manière significative au renforcement de l’autonomie des étudiants et de la sorte, faciliter l’accès du plus grand nombre aux études supérieures.
Créer une mission interministérielle portée par le ministère de l’Enseignement supérieur afin d’approfondir rapidement cette proposition et les conditions de sa mise en œuvre.

Proposition 14 : Faire de l’emploi étudiant un facteur de réussite

Favoriser un emploi de qualité, conciliable avec la poursuite des études et permettant d’acquérir des compétences valorisables dans le cursus  et la future insertion professionnelle : promotion des « emplois-étudiants » sur les campus, assouplissement des modalités de gestion, relations plus étroites avec les employeurs privés et publics du site, recours au service civique…
Améliorer les droits spécifiques des étudiants salariés : accompagnement personnalisé, organisation spécifique de l’emploi du temps, de l’aménagement de la durée des cursus, de l’aménagement des examens. Identifier rapidement les étudiants salariés, les informer, adapter et suivre leur cursus d’étude, prendre en compte les compétences acquises au travers de cette activité.
– Ces dispositions dessinent ce que pourrait être « une charte qualité de l’emploi étudiant », facteur d’intégration et de réussite.

Proposition 15 : Répondre aux enjeux du logement étudiant

– Les membres du groupe de travail se sont félicités des annonces récentes des pouvoirs publics sur ce sujet : nouveau plan de construction, généralisation du dispositif de cautionnement, création d’un bail mobilité.
Création d’un observatoire national du logement étudiant chargé d’évaluer les besoins, de coordonner les actions, de recenser les données et de favoriser une « programmation intelligente » des constructions de logements
Adoption d’une charte pour favoriser la mutualisation des informations relatives au logement étudiant afin de renforcer le pilotage, au niveau national comme régional, de la mise en œuvre du plan…

Proposition 16 : renforcer la complémentarité entre l’accès aux soins et la prévention

– Face aux difficultés des services de santé universitaires, confrontés à un manque de personnels et de moyens, le rapport prévoit la nécessité, d’améliorer l’accès aux soins des étudiants.
– Deux pistes sont envisagées : poursuivre la transformation des services universitaires de médecine préventive et de promotion de la santé  (SUMPPS) en centres de santé, et favoriser le déploiement du dispositif des étudiants relais santé (ERS) dans les établissements d’enseignement supérieur, afin de rendre les étudiants acteurs de leur santé.
Une politique de prévention modernisée permettrait d’améliorer la santé de la population étudiante…

Proposition 17 : améliorer l’accès aux activités culturelles et sportives

Renforcer les dispositifs encourageant les étudiants à se confronter à l’expérience culturelle et artistique. Il s’agit notamment de développer la pratique artistique en lien avec la formation : réussite dans le parcours d’études, mais aussi acquisition de compétences transversales (formation à la citoyenneté, développement de la créativité…).
Développer le sport dans les universités et les établissement supérieurs afin de permettre au plus grand nombre d’étudiants de se former et de s’épanouir dans la pratique de ces activités.
Favoriser la reconnaissance d’une activité physique et sportive dans les formations. La pratique sportive hors formation spécialisée doit quant à elle être développée (renforcement du rôle des étudiants-relais sport au sein des établissements, action sur les rythmes universitaires pour favoriser les pratiques sportives, développement des équipements sportifs…)…